« Nous sommes arrivés à ce qui commence. » – Gaston Miron

RÉDUIRE POUR CHANGER,
CHANGER POUR RÉDUIRE…
POUR SURVIVRE

Nous faisons face à des temps redoutables

Michel Jetté
Publié le 24 mars 2020

Voilà maintenant plus de 2 ans que la Déclaration d’Urgence Climatique, DUC, est mise en marche, et elle s’est avérée plus pertinente que jamais. Rappelons que cette pandémie a été clairement énoncée dans le niveau 2 : la santé humaine: « augmentation des risques de pandémie ».

Plus que jamais notre travail doit être entendu. De là, l’importance cruciale du plan d’urgence climatique: les Chantiers de la Déclaration d’Urgence Climatique: les C-DUC.

Bien que l’origine du coronavirus ne peut être corrélée avec la crise climatique, il est important, dans notre processus d’éducation/information/action, que les citoyens comprennent que cette pandémie a les mêmes origines que la crise qui bouleverse notre climat. Très brièvement:

1) Une explosion de la population locale qui engendre une explosion de la consommation.

2) Une explosion dans la demande de la consommation de viande (et autres biens).

3) Une proximité sanitaire dangereuse avec des animaux confinés dans des lieux de plus en plus toxiques propices à la propagation et ceci afin de répondre à la demande de consommation (Chine).

4) Une explosion du tourisme intérieur et international qui accentue la demande en denrées dans une orgie de consommation.

5) Une explosion des vecteurs de propagation mondiaux que sont les voyages en avion et autres transports.

6) Une interconnexion des économies mondiales qui n’a rien à voir avec l’idée d’équilibre écologique, mais avec une maximisation des profits de quelques grandes corporations prédatrices qui ont fini par atténuer les processus de résilience naturels de la plupart des régions du monde.

Autrement dit, une mondialisation effrénée, irréfléchie, idéologique et prédatrice qui n’a eu qu’un objectif: augmenter la consommation à tout prix pour un enrichissement exponentiel même si les perspectives environnementales (et biologiques) sont dévastatrices à court et moyen terme.

Les processus de l’éclosion de la pandémie (virus) sont exactement les mêmes que ceux qui ont engendré la crise climatique (GES)! Rien de moins. Ce sont les deux faces d’une même médaille. L’obsession maladive d’une accumulation à l’infini. Crise climatique et coronavirus sont issus d’une mécanique morbide qui actionne un système économique, le néolibéralisme et son véhicule, la mondialisation actuelle, qui nous entraîne vers un empilement de crises qui ont le potentiel de nous emporter… tous.

Actuellement, les gouvernements mettent en place des plans d’urgence; ce que la DUC demande depuis un certain temps. La période difficile que nous traversons n’est que le début d’une succession de crises qui vont s’amplifier, nous le savons, la science est claire. Les actions de tous les paliers de gouvernement vont nous apprendre beaucoup de choses pour la suite de nos actions.

Comprenons que notre monde est en train de changer, prenons acte qu’il y a un risque sérieux qu’il n’y ait pas de retour à la « normale »; cette normalité qui nous a justement entraînés dans cette époque de convergence de crises. Nous avons tous été témoins, encore une fois, d’un scepticisme de nombreux gouvernements face à la science.

La Chine et les États-Unis (pour ne mentionner qu’eux) nous ont précipités dans cette crise sanitaire avec les mêmes mécanismes qui nous précipitent dans l’enfer « des crises climatiques », c’est-à-dire une folie idéologique économique qui refuse LA réalité, cette réalité qui est composée des phénomènes naturels, les évènements qui en découlent, et nos actions économiques, politiques et sociales qui les déclenchent.

Tous ces « FAITS » ne sont pas négociables, la réalité ne négocie pas avec nos désirs. Mais nous sommes tous appelés à quelque chose qui semble nous avoir échappé depuis plusieurs générations: acquérir une totale et profonde maturité en tant qu’espèce.

Comprendre comment tous ces petits et grands désirs nous ont illusionnés au point où nous avons fini par non seulement mentir à nos semblables, mais aussi à nous-mêmes.

Alors, réalisons que le premier mouvement qui résultera de cette prise de conscience sera de reconnaître que nous ne sommes plus dans le même monde, que nous ne devons absolument pas revenir dans ce même monde qui génère un état de crises perpétuelles.

Devenons d’authentiques adultes, mettons en place un réel plan d’urgence adapté à notre époque.

Enclenchons maintenant les mesures qui répondront aux crises qui vont inévitablement se manifester.

Reconnaissons que ceux et celles qui ont engendré ce système insoutenable dans lequel nous sommes actuellement prisonniers, ces dangereux idéologues de l’accumulation à l’infini, soient remplacés par des hommes et des femmes ayant une envergure qui sera à la hauteur du vivant.


Deux premières leçons à tirer de la crise sanitaire
Jacques Benoit, Louise Sabourin, Michel Jetté

Dans Le Devoir du 6 février, le gouvernement Legault, par son ministre de l’Environnement et de la Lutte aux changements climatiques, Benoit Charrette, déclarait qu’il n’avait pas l’intention de suivre les recommandations des scientifiques du GIEC, pas plus que celles du Programme des Nations Unies pour l’environnement à la COP-25 de réduire nos GES de 7,6 % par année pour les prochains dix ans. Objectif « irréaliste », « transition radicale très dommageable pour l’économie québécoise », disait-il : fallait être pragmatique !

Curieusement, dans la crise sanitaire actuelle de la COVID-19, ce même gouvernement Legault n’a pas dit qu’il préférait une urgence « pragmatique ». Il a écouté la science qui indiquait qu’il faut prendre des mesures sévères et contraignantes pour réduire la contagion qui est exponentielle, nous permettant de mieux répondre aux besoins qui en découlent en ne surchargeant pas notre système de SSS, et ainsi réduire les décès qui peuvent s’en suivre.

« IL FAUT ÉCOUTER LA SCIENCE ! », c’est la première leçon de cette crise, et le gouvernement Legault l’a tirée.

Il a déclaré l’état d’urgence sanitaire pour se donner les moyens d’agir, les moyens politiques, économiques et sociaux. Il peut même au besoin restreindre les libertés individuelles, et il a déjà commencé à le faire. Il prend les moyens et applique les mesures nécessaires à contrôler la crise et à en réduire les dommages.

Il s’ajuste au jour le jour. Il doit inventer, créer, imaginer ce qu’il y a de mieux à faire pour tenter d’enrayer la crise. Il fait des essais-erreurs, mais corrige du mieux qu’il peut à mesure qu’il avance.

Il n’a pas le choix : il n’avait aucun plan global pour affronter une telle pandémie.

Ça fait pourtant plusieurs années que nos gouvernements réfléchissent à des plans d’urgence plus ou moins développés en cas de pandémie, mais il est évident qu’ils ne pouvaient prévoir d’où cela viendrait ni comment.

Nos mères et nos grands-mères l’avaient pourtant bien compris quand elles disaient : « Vaut mieux prévenir que guérir ! » : parce que ça fait moins mal, et parce que ça coûte moins cher !

C’est la deuxième leçon à tirer de la crise actuelle : « ÇA PREND UN PLAN GLOBAL ! »

Sur le réchauffement climatique, nous en connaissons les causes et avons déjà expérimenté quelques-uns de ses effets.

Dans un article de LaPresse.ca du 16 mars, on peut lire que « l’« urgence sanitaire » décrétée samedi découle directement de deux catastrophes, l’inondation du Saguenay en 1996 et la crise du verglas deux ans plus tard. »

N’est-ce pas instructif de savoir que ce sont ces deux crises qui sont à la base de l’action actuelle du gouvernement québécois?

Il faut maintenant que l’expérience actuelle nous serve pour la crise climatique qui va nous accabler: il faut écouter la science et avoir un plan global pour s’attaquer aux causes et nous protéger des effets, tant pour nous au Québec que partout dans le monde.

Réorganisation du travail pouvant être fait de la maison, achat local et solidaire privilégié, réduction de la consommation superflue, soutien gouvernemental et investissements massifs pour individus et sociétés, début de conversion de la production industrielle à la manière d’un effort de guerre, rapidité de décision, d’application, de coordination jusqu’au niveau mondial, etc., et baisse significative des GES en résultant: toutes des choses que l’on croyait et disait irréalisables il y a quelques mois à peine.

Quand cette crise prendra fin, si elle prend fin, ne revenons pas en arrière : les énergies et les argents que nous avons investis et les transformations que nous opérons actuellement doivent être le premier pas vers une transformation globale et urgente de nos façons de répondre à nos besoins en société, et ainsi de respecter les limites de la planète.

Le gouvernement Legault doit continuer d’écouter la science et abandonner son « pragmatisme climatique ».

Il en va de même pour le gouvernement Trudeau.

Nos gouvernements à Québec et à Ottawa ont tous deux déclaré l’urgence climatique. Ils doivent maintenant agir et adopter un plan global d’urgence climatique, comme les Chantiers de la Déclaration d’urgence climatique (C-DUC), pour une réduction nécessaire et radicale de nos GES, nous donnant le plus de chances possible de sortir vivant.e.s de la crise climatique qui aura des impacts sanitaires beaucoup plus importants que ce « petit » virus !

Comme l’a dit le Dr Horacio Arruda, de la Santé publique : face à la COVID-19, plus que le traitement et le vaccin, la meilleure action est la prévention.

Mais pour le réchauffement climatique, la prévention, c’est LA SEULE action possible: parce qu’il n’y aura ni traitement ni vaccin pour nous en sauver!


UNE ACTION RAPIDE MAIS IMPORTANTE À FAIRE

Le gouvernement Trudeau procède actuellement à une consultation publique « dans le but d’éliminer les évaluations environnementales exigées pour les forages exploratoires à l’est de Terre-Neuve. Au moins 100 de ces forages sont envisagés d’ici 2030 » (lire l’article du Devoir).  Nous devons et pouvons protester auprès de nos députés fédéraux en leur demandant de s’opposer clairement à cette façon de faire.  Le gouvernement met le pays sur pause pour faciliter la lutte contre la COVID-19 : qu’il en fasse de même pour ces consultations qu’il veut mener sur la question des forages pétroliers en milieu marin. Et qu’il ne profite pas de la crise actuelle pour nous en passer une p’tite vite !

Pour trouver les coordonnées de votre député.e fédéral.e, C’EST ICI.!

Exemple de message à votre député.

« Monsieur, Madame

Ce bref message pour vous dire que nous dénonçons les actions du gouvernement Trudeau qui procède actuellement à une consultation publique dans le but d’éliminer les évaluations environnementales exigées pour les forages exploratoires à l’est de Terre-Neuve. Au moins 100 de ces forages sont envisagés d’ici 2030. Face à la crise actuelle qui monopolise toute l’attention et les ressources tant sociales, gouvernementales, médiatiques que citoyennes, cette façon de procéder a des odeurs  d’opportunisme et est  honteuse dans le contexte d’urgence sanitaire nationale. Nous protestons fortement et nous opposons clairement à cette façon de faire. Le gouvernement met le pays sur pause pour faciliter la lutte contre la COVID-19 : qu’il en fasse de même pour ces consultations qu’il veut mener sur la question des forages pétroliers en milieu marin. Car, il faut le rappeler haut et fort, ces projets concernent aussi une autre crise qui a un potentiel destructeur bien au-delà de la pandémie: la crise climatique. Merci de faire valoir cette position à la Chambre des Communes. »


Avis important
Suspension de la campagne des Chantiers de la DUC

Nous voulons vous aviser que nous suspendons la campagne des Chantiers de la DUC le temps de laisser passer la crise sanitaire, parce que:

  1. Plusieurs conseils municipaux ont déjà annoncé qu’ils se dérouleront en l’absence de public, et plusieurs autres seront annulés;
  2. La crise sanitaire actuelle doit recevoir toute l’attention nécessaire au meilleur contrôle de ses impacts ;
  3. Ce n’est pas le moment d’ajouter une autre crise au débat; d’autant plus que, dépendant de la durée de celle-ci, la crise climatique pourrait bien s’y ajouter d’elle-même (inondations, canicules, etc.); pour le moment, les élu.e.s doivent pouvoir consacrer leurs énergies à s’assurer que leurs citoyen.ne.s sont en sécurité et à amoindrir les impacts qui pourraient les accabler.

Cependant, nous pourrions imaginer que cette crise sanitaire est comme un « wake-up call » que nous envoie la nature : « Si vous ne vous occupez pas de moi, je vais m’occuper de vous ! »

Et conséquemment, nous pourrions nous considérer comme en répétition générale de la crise climatique à venir qui sera pire encore, et pour en tirer le plus de leçons possible, nous serions bien avisés tout au cours de l’événement d’écouter, d’observer et de noter :

  Écouter les consignes données par les autorités : fédérales, provinciales, municipales, santé publique, etc. : c’est une question de santé et de sécurité personnelle et publique mais soyez aussi attentifs à ce que pense et dit la population (lignes ouvertes, blogues, entourage, etc.) et à ce que disent les entreprises;  mais n’en faisons pas des cauchemars !

  Observer comment se déroulent les choses, tant au niveau du Québec, du Canada qu’au niveau international : l’ordre et le rythme des décisions (gouvernementales,  économiques), la façon, la manière dont elles se prennent, dont elles sont communiquées, les mesures prises et leur ampleur, les budgets et argents en jeu, les services mis à contribution, l’évolution de la crise et des dispositions en réponse; les phénomènes sociaux qui l’accompagnent : par ex. les chicanes autour de l’achat compulsif du papier de toilette, la crainte des autres, mais aussi la solidarité, le bon et le moins bon chez notre espèce devant cette crise !

  Noter tout ce qui peut nous permettre de vérifier la pertinence de nos Chantiers, et de mieux argumenter notre campagne quand nous y reviendrons, parce que nous y reviendrons : elle sera d’autant plus nécessaire que la crise climatique aura des conséquences bien pires que celle-ci, pouvant même inclure une autre crise virale sanitaire découlant cette fois du réchauffement climatique ; donc, notons des événements, déclarations, décisions, positionnements ou changements de position politiques de nos dirigeant.e.s, les raisons et lois invoquées ou promulguées pour justifier ou faciliter l’application de mesures, etc.

Enfin : tout en respectant les consignes, soyons solidaires les un.e.s des autres.

Assurons-nous que personne ne soit laissé pour compte. On peut communiquer par téléphone avec les gens de notre entourage pour s’enquérir de leur santé ou de leurs besoins, pour ensuite leur apporter ou les aider à trouver l’aide et le soutien qui leur est nécessaire.

Rappelons-nous l’importance de ne pas se sentir ni être isolé quand arrivent de tels événements traumatisants.

GMob –GroupMobilisation.