« Nous sommes arrivés à ce qui commence. » – Gaston Miron

RÉDUIRE POUR CHANGER,
CHANGER POUR RÉDUIRE…
POUR SURVIVRE

Lettre à l’honorable Rosa Galvez, sénatrice

Jacques Benoit, Michel Jetté, Pour GroupMobilisation (GMob)
Publié le 28 septembre 2021

Honorable Rosa Galvez, sénatrice
Le Sénat
138 Bloc Est,
Ottawa, ON
K1A 0A4
rosa.galvez@sen.parl.gc.ca

re : Urgence climatique et urgence d’agir

Madame la Sénatrice,

Bonjour,

Tout d’abord, nous voulons vous féliciter pour votre élection à la présidence du Réseau parlementaire ParlAmericas sur le changement climatique (PNCC). C’est donc à la Sénatrice canadienne et à la nouvelle présidente de PNCC que nous nous adressons aujourd’hui.

Nous sommes GroupMobilisation (GMob), un groupe québécois qui travaille sur la question du réchauffement climatique depuis plus de trois ans.

Notre organisation a rédigé et diffusé, depuis 2018, la DUC – Déclaration citoyenne universelle d’Urgence Climatique[1]. Nombre de citoyennes et citoyens l’ont déposée pour adoption dans leurs conseils municipaux, tant et si bien qu’aujourd’hui, au moins 525 municipalités représentant plus de 80 % de la population du Québec ont reconnu l’état d’Urgence Climatique.

Les gouvernements du Canada et du Québec l’ont aussi reconnue. Les partis politiques provinciaux Parti québécois, Québec solidaire, Parti Vert du Québec et Nouveau Parti Démocratique du Québec, de même que les partis fédéraux NPD, Bloc Québécois et Parti Vert du Canada, ont également endossé la DUC. Malheureusement, pour ces derniers, on n’en a vu à peine trace dans leurs plateformes électorales ou dans leurs discours et débats tout au cours de la campagne électorale de cinq semaines qui vient de se terminer, alors qu’il s’agit de la priorité qui aura des impacts sur toutes les autres.

Pour faire face à la catastrophe climatique en cours, nous avons également rédigé et publié « Last call climatique », une introduction au Plan d’action de la DUC qui identifie onze domaines d’intervention urgente et les actions à y poser pour les gouvernements, les municipalités et les citoyen.ne.s. Neuf des onze chantiers visent à sortir des énergies fossiles et les deux autres à se protéger des impacts inévitables du réchauffement en cours. Vingt-deux municipalités québécoises ont appuyé jusqu’à maintenant les Chantiers du Plan de la DUC.

Nous avons fait parvenir nos doléances à nos gouvernements du Québec et du Canada, mais ceux-ci n’ont répondu ni par écrit ni par leurs actes.

Madame la Sénatrice, comment peuvent-ils ignorer le réchauffement climatique et ses extrêmes météos qui ont sévi ici même au Canada cet été ? Le dôme de chaleur qui s’est installé pendant de longs jours au-dessus de la Colombie-Britannique a même causé l’incendie de la municipalité de Lytton, où la température a atteint 49,6 °C, du jamais vu, et les feux de forêt dans cette province ont obligé nombre de familles à être déplacées, faisant d’elles des « réfugiées climatiques» ici même, dans ce riche Canada.

La planète brûle en Amérique, en Europe sur le pourtour de la Méditerranée, et en Sibérie, des pluies diluviennes causent des inondations qui emportent tout sur leur passage en Allemagne, en Belgique, en Chine et au Japon, des gels précoces et des sécheresses mettent à mal les récoltes un peu partout, dont des réductions de 75 % de la production de blé canadien, des sécheresses causant même la famine à Madagascar.

Même les États-Unis, pays riche, sont accablés par des événements extrêmes : l’ouragan Ida a été plus dévastateur que Katrina en 2005, la côte Ouest qui a brûlé tout l’été brûle toujours, la ville de New York a été inondée, etc. Nous savons que bien d’autres pays des Amériques Centrale et du Sud, qui n’ont pas les mêmes ressources, sont aussi aux prises avec les impacts destructeurs du réchauffement climatique.

Nos dirigeant.e.s doivent cesser de fermer les yeux, ils et elles doivent regarder en face la cause de toutes ces crises : notre utilisation d’énergies fossiles. Ils et elles doivent aussi agir pour protéger les populations, et pour ce faire, des plans d’action globaux tels le Plan de la DUC sont nécessaires, des plans pertinents pour chaque pays.

Cependant, une lutte efficace au réchauffement climatique ne pourra se réaliser sans une coordination mondiale.

Comme nous l’affirmons dans Last call climatique, cette coordination mondiale est nécessaire :

« …

  • Parce que la catastrophe climatique est maintenant reconnue comme étant une crise de sécurité nationale et internationale;

 

  • Parce que elle peut mener à de nombreux effondrements écologiques, économiques, sociaux, etc.;

 

  • Parce que les dernières décennies ont démontré que l’absence de coordination au niveau mondial n’a pu produire l’action urgente et globale nécessaire, mais ont plutôt résulté en des actions éparses largement insuffisantes, tordant la trajectoire climatique vers la catastrophe;


C’EST POURQUOI tous les citoyen.ne.s, organismes et groupes de la société civile d’ici, ainsi que tous les paliers de gouvernements, doivent acheminer un tel plan  vers les organismes, groupes citoyens et gouvernements des autres nations afin que la mobilisation soit collective, non seulement locale et nationale, mais aussi internationale. »

C’est dans ce contexte, Madame la Sénatrice, que nous vous demandons de communiquer à vos collègues de PNCC nos documents et les informations pertinentes s’y rattachant.

À quelques semaines de la tenue de la COP26, où les décisions prises auront des conséquences sur l’avenir du Vivant, dont l’Humain, les pays membres de ParlAmericas doivent parler d’une voix forte à Glasgow pour que s’opère un virage radical dans nos façons de vivre et d’habiter la planète.

La pandémie de la COVID-19 montre bien que la crise sanitaire mondiale ne pourra se résoudre que si tous les pays font partie de la solution. Mais en matière de climat, il n’y aura malheureusement pas de vaccin.

Seule l’action radicale conséquente d’une volonté politique mondiale peut changer les choses. Tous nos dirigeant.e.s doivent avoir le courage de prendre les décisions qui s’imposent.

Soyons clairs : ou nous nous contraignons maintenant à effectuer les difficiles, mais nécessaires, transformations sociétales, ou nous attendons que la catastrophe s’en occupe pour nous.

Espérant une réponse positive de votre part, nous vous remercions, Madame la Sénatrice, du temps que vous nous accordez déjà, et vous prions d’agréer l’expression de nos meilleurs sentiments.

[1] Aussi en version anglaise et espagnole.