En passant…
En retour de notre première édition de DUC-INFO, nous avons reçu ce courriel d’une lectrice. Nous avons décidé de vous le partager.
« Je vous remercie de cet envoi.
Cet enjeu me préoccupe énormément et j’avoue qu’il m’angoisse même.
Je suis le genre de personne perfectionniste (malgré moi), éduquée et conscientisée. L’automne dernier, suite au dernier rapport du Giec, je suis devenue (presque) végétarienne entraînant ma famille du coup. Je suis allée manifester à Ottawa, j’en ai parlé sur Facebook et j’ai signé de bonne foi, le pacte. Puis, je me suis mise à angoisser et déprimer….et j’ai dû me tenir loin des médias qui traitaient de cet enjeu…pour ma santé mentale. Paraîtrait que bien des ados souffrent aussi d’un syndrome d’anxiété liée à la perspective d’un non-futur anticipé, en raison des catastrophes annoncées causées par les changements climatiques.
Ce matin, j’avoue que j’ai juste survolé ce bulletin, je n’y ai pas vu beaucoup de bonnes nouvelles (je les ai peut-être manquées) pourtant tout plein d’initiatives créatives sont déployées partout dans le monde. Serait-il possible d’en joindre une ou deux à chaque bulletin, honnêtement, ça m’encouragerait et je serais plus encline à poursuivre ma lecture.
Merci pour votre travail, votre engagement!
Bonne journée! »
Madame, nous voulons d’abord vous remercier de nous avoir écrit et partagé vos angoisses. Vous savez ce qu’on dit : « Une peine partagée est moins lourde, un bonheur partagé est plus grand »…
Vous n’êtes pas la seule à avoir ce genre de pensées. Beaucoup se sentent dépassés par la situation, et à voir nos gouvernements tergiverser et traiter la question comme s’il s’agissait d’un détail dont on s’accommodera bien, quand ce n’est pas en niant totalement l’existence du problème, ce n’est rien pour nous rassurer et nous redonner espoir.
Vous avez raison : il y a plein d’initiatives déployées partout dans le monde pour changer les choses, des petites et des grandes. Nous en avons publié quelques-unes dans le premier numéro de DUC-INFO, vous les avez effectivement manquées. Mais nous n’avons pas mis l’accent sur elles.
Cependant, chaque fois que de nouvelles populations se lèvent, que des personnalités ou des gouvernements prennent position pour l’urgence climatique, que s’agrandit le bassin de celles et ceux qui sont conscients et demandent des changements avant qu’il ne soit trop tard, nous devons considérer cela comme de bonnes nouvelles. Peut-être avez-vous vu hier au Gala Artis la performance Émile Proulx-Cloutier pour rappeler l’urgence climatique, ainsi que le discours et la présence mobilisante des jeunes. Rappelez-vous : rien de tout cela n’aurait été possible il y a à peine un an !
Vous n’êtes pas seule, madame. Il ne faut pas rester isolé, il faut se lier à d’autres, pour partager nos peines, nos craintes, mais aussi nos espoirs, nos solutions et nos petits bonheurs. Il faut retrouver dans les autres cette chaleur humaine qui nous rend plus forts, nous fait nous dépasser. Il faut recréer cette solidarité trop souvent oubliée et noyée par une consommation individuelle effrénée qui ne nous rassasie pas, et qui nous laisse de plus en plus vides, comme la planète d’ailleurs.
C’est par notre implication à toutes et tous, ensemble, que nous parviendrons à changer les choses.
Il y en aura beaucoup pour nous dire qu’on ne peut rien changer, qu’on n’en est pas capable, qu’on ne peut pas retourner en arrière, qu’on ne peut pas se passer de tout ce qu’on a, etc.
Nous croyons plutôt que tout est possible. Comme le disait Edgar Morin, sociologue et philosophe français: « Renoncer au meilleur des mondes n’est pas renoncer à un monde meilleur. »
Et comme Gaston Miron, nous aimons plutôt croire que nous sommes « arrivés à ce qui commence ».
Solidairement, et au plaisir, madame.
L’Équipe de GMob.