« Nous sommes arrivés à ce qui commence. » – Gaston Miron

RÉDUIRE POUR CHANGER,
CHANGER POUR RÉDUIRE…
POUR SURVIVRE

Non madame, nous ne sommes pas rassurés!

Carole Mainville, Jacques Benoit, citoyens de Longueuil
Publié le 18 novembre 2019

Depuis un an, presque à tous les mois, nous avons pris la parole à l’assemblée du Conseil de la Ville de Longueuil. Le mardi 12 novembre dernier, nous étions cinq à intervenir sur l’urgence climatique.

Cette fois, madame la mairesse Sylvie Parent a répondu :« Ce n’est pas parce que vous avez l’impression qu’on ne fait rien, que c’est ça dans la réalité [..] Les questions que vous vous posez, on se les pose aussi […] Rassurez-vous : on agit! […] En tant que citoyens, en tant que citoyennes, on a tous des gestes à poser.»

Comme il est impossible pour un citoyen de répliquer aux membres du Conseil, voici la réponse que nous aurions aimé donner à madame Parent.

Madame, vous venez de mettre le doigt sur le problème : on ne sait pas ce que vous faites parce que vous ne faites pas la chose la plus importante : informer adéquatement la population.

D’abord, il faut l’informer des bouleversements climatiques en cours qui vont faire surgir de plus en plus de crises climatiques, ces crises qui portent atteinte et mettent en danger notre santé, et même notre vie individuelle et collective.

Ensuite, l’informer que ces bouleversements climatiques sont dus à notre façon de vivre et de répondre à nos besoins en société, où nous consommons quatre fois plus que ce que la Terre peut régénérer, où notre utilisation à tout crin d’énergies fossiles produit du CO2 qui, en plus de créer une pollution de l’air qui nous rend de plus en plus malades, crée dans l’atmosphère un effet de serre qui réchauffe l’air, l’eau et la terre comme jamais dans l’histoire de la planète, et que ce réchauffement bouleverse tous les cycles normaux et vitaux pour l’existence de la vie sur Terre.

Enfin, l’informer que pour ces raisons, il y a URGENCE de réduire radicalement nos émissions de gaz à effet de serre (GES) jusqu’à atteindre la carboneutralité, et d’agir dans tous les domaines de la société pour changer nos modes de vivre ensemble! Et que pour ces raisons, vous allez adopter des mesures et règlements qui vont tenter de répondre adéquatement à cette urgence, et qu’il faut la collaboration de toutes et tous, individus et collectivités, si on veut y arriver.

Et parce que les mentalités sont longues à changer, il faut répéter cette information continuellement.

Voyez-vous, madame, il ne suffit pas de reconnaître l’urgence climatique une fois dans une résolution, il faut  que toutes les décisions de l’administration s’en ressentent.

Si nous avions constaté,  lors des travaux de réfection du boul. Gaétan Boucher, boul. Grande-Allée ou rue Boisvert, qu’on avait évité de planter de la tourbe pour simplement semer du trèfle?  OU  mieux encore en innovant  pour incorporer une gestion des eaux de pluie intégrée à l’aménagement qui absorbe les débordements au lieu de les déverser dans les égouts pluviaux;

Si nous avions constaté des changements dans les coupes de gazon dans les parcs et autres lieux publics pour adopter une gestion différenciée permettant aux plantes indigènes et à la biodiversité de reprendre leur place.

Si nous avions constaté, dans tous les parcs et près des arrêts d’autobus, des poubelles à déchets, à recyclage et pourquoi pas à compost;

Si la ville adoptait plus rapidement des politiques ou règlements permettant la  résilience et l’adaptation, en visant l’autosuffisance alimentaire,  comme celle sur les poules urbaines ou l’agriculture urbaine;

Si  la Ville de Longueuil avait été la première à avoir des bennes pour des dépôts volontaires du verre au lieu d’être encore à évaluer la décision. Combien de maisons n’ont pas encore le service du Bac brun en comparaison avec les autres villes?

Si nous avions constaté l’accélération de la mise en œuvre du plan directeur des déplacements cyclables pour améliorer, et augmenter l’utilisation des transports actifs;

Si la ville de Longueuil, à l’instar de la Ville de Boucherville avait adopté la résolution en défaveur du projet GNL/GAZDUQ qui, s’il est réalisé, augmentera à coup sûr les émissions globales de GES du Québec et annulera tous les efforts individuels et collectifs réalisés à travers toutes les mesures énumérées précédemment, et pire encore;

Et si chacun de ces gestes avait été accompagné d’une explication le reliant à la lutte contre les bouleversements climatiques et à la nécessité de changer nos façons de faire et d’être…

Malheureusement, comme trop de nos concitoyen.ne.s, nous ne pouvons que constater que votre administration et la majorité de nos élu.e.s de tous les paliers gouvernementaux ne comprennent pas qu’en poursuivant toujours le même développement économique avec quelques taches de vert sous l’appellation développement durable, la seule chose que vous développez durablement, c’est la crise climatique.

Et à ce niveau d’action, madame, nous ne sommes vraiment pas rassurés.