« Nous sommes arrivés à ce qui commence. » – Gaston Miron

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Crise climatique de sécurité nationale

Pour GMob : Michel Jetté, Jacques Benoit, Louise Sabourin, Marc Brullemans, Normand Beaudet, André Bélisle,. initiateurs.trice de la Déclaration citoyenne universelle d’urgence climatique -DUC
Publié le 27 juin 2019

Le 14 mai dernier, la ministre fédérale de l’Environnement et du Changement climatique, Catherine McKenna, déposait à la Chambre des communes une motion de reconnaissance de l’urgence climatique.

Plusieurs se sont demandé si l’urgence de la ministre était climatique ou électorale, compte tenu du soutien de plus de 10 milliards de dollars par année du gouvernement au secteur pétrolier à travers divers produits financiers favorisant l’exportation, et l’achat l’an dernier de l’oléoduc Trans Mountain au coût de 4,5 G$.

Or, deux jours ont suffi pour vérifier le sérieux de ce gouvernement :

  • le 17 juin, la Chambre des communes déclarait l’urgence climatique nationale (sur Facebook, le PLC a même écrit: « Il n’y a pas de temps à perdre – nous devons agir maintenant. ») ; et
  • le 18 juin, le gouvernement Trudeau agissait… en donnant le feu vert aux travaux d’agrandissement de l’oléoduc Trans Mountain, qui ajoutera, au bas mot, non pas 13 à 15 millions de tonnes (Mt) de GES dans l’atmosphère comme le prétend l’Agence canadienne d’évaluation environnementale, mais plutôt 130 Mt par année, soit plus qu’une fois et demi les émissions annuelles totales du Québec ou encore deux fois les émissions totales du Maroc.

Que le premier ministre ajoute que les profits qui découleront de ces investissements seront consacrés au développement des énergies vertes revient à dire que les profits des taxes sur les cigarettes serviront à lutter contre le cancer du poumon !

Comment s’en étonner alors que ni ce gouvernement ni le précédent n’ont posé les gestes nécessaires pour nous éloigner de la crise climatique et de ses effets, lesquels vont s’amplifiant au point où nous entrons en situation de crise de sécurité nationale.

Parlez-en aux évacué.e.s de l’Alberta aux prises avec de violents feux de forêts, aux agriculteurs de l’Ontario et de plusieurs régions du Québec qui sont incapables de semer à cause de leurs terres inondées, aux sinistrés des inondations ou à ceux des tornades de l’automne dernier à Gatineau, aux résidents des côtes qui voient chaque année disparaître plusieurs mètres des rivages, etc. Ces situations mettent en danger la sécurité des citoyen.ne.s et des communautés. Mais ni le gouvernement en place ni les précédents n’ont réduit les subventions aux pétrolières ni débuté la transition nécessaire pour nous sortir des énergies fossiles qui sont à la source de tous ces aléas.

Le soutien réclamé aux pétrolières par Jason Kenny, premier ministre de l’Alberta, en utilisant le prétexte de la protection des emplois, devrait être analysé à la lueur de la déclaration de James Hansen, l’un des premiers scientifiques de la NASA à avoir lancé l’alerte climatique : si nous exploitons les sables bitumineux, disait-il, c’est « game over » pour le climat.

Doit-on encore le répéter : continuer de soutenir les énergies fossiles, c’est attaquer l’environnement, la biodiversité. C’est accélérer la destruction de nos milieux de vie et de nos communautés. C’est porter atteinte à la sécurité de tous les Canadien.ne.s au niveau environnemental, alimentaire, de la santé, comme au niveau économique.

Paul Wynnyk, commandant des Forces armées canadiennes, le confirmait lors d’un discours le 30 mai 2019 au CANSEC, quand il disait que ces derniers mois, plus de militaires de l’Armée canadienne ont été déployés à l’intérieur de nos frontières en lien avec les effets catastrophiques de la crise climatique que dans tout autre théâtre d’opérations autour du globe.

Le gouvernement actuel, comme tous les partis qui veulent le remplacer dans les prochains mois, se doit d’agir en conséquence de cette urgence climatique.

Notre équipe a identifié des chantiers urgents, d’intervention prioritaire. Neuf chantiers de réduction et séquestration des GES, et deux chantiers urgents de résilience, à la fois pour aider à régler les enjeux climatiques et répondre à l’urgence de sécurité qui se pose à nos communautés suite aux inévitables et importants aléas climatiques qui surviendront de plus en plus fréquemment.

L’urgence climatique est maintenant une crise de SÉCURITÉ NATIONALE ET INTERNATIONALE pour tous les pays.

Il n’y a plus de temps à perdre.

(Lettre publiée dans Le Droit, 1er juillet 2019)